mercredi 24 août 2011

L'homme aux yeux couleur d'huitres" Episodes 7/8/9/10

 Pour mieux embrayer sur cette nouvelle suite ,
sachez qu'elle commence au moment où Pearl sort de la pharmacie où elle vient d'acheter une pommade . 
Elle a très faim, il est autour de Midi .

Aujourd'hui, quatre épisodes dans la foulée pour ce feuilleton de l’Été:
A lire en sirotant une mauresque pleine de glaçons....

N°7 ( celui de Pomme)
N°8 (celui de Laure)
qui proposent deux suites possibles :
( nous tiendrons compte de vos remarques)
N°9 ( celui de Shaton)
N° 10 ( le mien, Croukougnouche)   

Et maintenant ...laissez-vous embarquer!

dessin aquarelle : Fankie pain
 Sa cheville soignée était encore douloureuse; elle n'aurait pu supporter le contact des lacets de ses sandales .Elle ne pouvait cependant aller nu-pieds. Or, elle avait dans son fourre-tout de laids chaussons au nom abhorré: des charentaises ! Elle n'avait pas d'autre choix;elle les tira de son grand sac avec un morceau de dentelle...Un long jupon qui,lorsqu'elle le portait, balayait le sol..
Sans bouger de place-son éducation chez les sœurs et plus récemment une courte expérience de mannequin lui avaient appris à se changer sans laisser voir un seul morceau de peau - elle opéra la transformation . Le jupon passé sous la robe remonta au dessus des seins ; la robe déboutonnée alla rejoindre au fond du sac un tee-shirt au col échancré pour lui donner plus de chic .Le tee-shirt à son tour prit l'air et, passé par dessus la tête de Pearl, il permit au jupon de redescendre à sa place..Le tour était joué, on ne voyait plus les charentaises. Il ne manquait plus que ce gros ceinturon à la boucle ornée de turquoises pour que Pearl recouvre un peu de l'assurance qui sied à celle dont la tenue est irréprochable.
Tout ce temps, l'Homme, de loin l'avait observée.. Anselme comment déjà? Non,Ambroise...dresseur de quelque chose..La carte avait disparu dans la profondeur du baise-en-ville .Elle finirait bien par la retrouver, d'ailleurs,c'était sans importance. N'était la gêne occasionnée par les yeux innommables de l'individu, Pearl se fichait de sa présence comme d'une guigne.
Non, certes, il ne s'appelait pas Gilles! Personne pour Pearl ne s'appellerait plus jamais Gilles.
Pearl aux yeux clairs , au corps si blanc, aux pieds si grands..
Si grands hélas, qu'elle ne pouvait guère se chausser.
Toujours elle avait mal à ses grands pieds comprimés dans des souliers étroits .Si mal que ce jour là,(et elle les cachait bien sous son long jupon), elle ne regrettait plus d'avoir troqué les sandales pour des charentaises. C'est dans ce pays qu'on les fabriquait , les charentaises,jadis , au bagne de l'île de Ré..Ce bagne d'où son père était parti, de l'autre côté de l'Océan. Jamais, depuis elle n'avait eu de ses nouvelles, et chaque année elle revenait ici , comme on va sur une tombe.
photo anne-laure

peinture :Croukougnouche


Les charentaises,l'île, la mer, la mer ....toujours...Schhhlik,Schhhlak..Schhhhlik,Schhhlak,....
Le jour, la nuit, jamais, jamais elle ne s'arrête, la mer..
Comment pourrait-on arrêter la mer ?? Seuls les poissons ont des arrêtes,mais eux ne font aucun bruit..


 
dessin aquarelle: Frankie pain


La mer, le bruit des vagues, les crustacés..Ici les hommes-même ont les yeux crustacés : Des yeux crus et trassés...et oui..C'est assez!! assez de la mer, des huitres et des crevettes et des chats aux moustaches roses!
C'est alors que soudain,elle revit Gilles.Gilles et son bonnet, ses chaussettes à côtes et ses gros godillots..Gilles, l'homme de la montagne..Gilles au bord du lac, un lac paisible au pied de la montagne et le chalet au bord du lac et le fumet d'un chou dans le ventre duquel mijotaient deux saucisses..des petites, des Montbéliard et un gros morceau de "speck" fumé...
Oh Oui!plus de moules,plus de crevettes,plus de crustacés, plus d'hommes étranges aux yeux couleur de mollusques..Mais Gilles,le grand,le confortable Gilles aux joues de jambon frais..



 aquarelle/pastel:feutre: Croukougnouche


 Gilles et sa soupe au choux, sa tarte aux mirabelles..
Les bras de gilles et la peau d'ours devant la cheminée et les flammes,vagues silencieuses et dorées qui incendient la nuit et satinent les corps nus.


aquarelle//pastel/ feutre/ Croukougnouche


 Les buches qui craquent et crachent des étincelles qui vont griller les poils de l'ours défunt...Senteur de bois ,de cheminée, de poil grillé et tout au fond , un souvenir de soupe aux chou.
Pearl remplit d'air ses poumons, releva la tête: L’homme s'éloignait , la tête tournée vers elle , l’œil glauque et le sourire chafouin. Le chat s'était enroulé sur lui-même , la tête dans la queue ,sur un fauteuil ensoleillé..Il ronronnait aussi paisible que si jamais il n'avait assassiné la moindre crevette.
Pearl avisa l'arrêt d'autobus..L'un d'eux s'approchait, il portait au front sa destination : La Rochelle. Pearl ramassa son grand sac et sans plus se soucier de montrer ses grands pieds, courut vers le bus en s'empêtrant dans ses jupons. Quand elle sauta sur le marchepied, une de ses charentaises s'en alla rouler dans le fossé. Tant pis! Elle prit de la monnaie,paya,et s'installa sur un siège libre, derrière le chauffeur.
La Rochelle Gare...Un train...Paris...Gare de l'Est... Un autre train et au bout du voyage..Gilles..enfin...si on l'avait retrouvé..si on l'avait sorti du lac..
L'homme aux yeux couleur d'huîtres la vit sauter dans le bus. Pensif, il revint sur ses pas et ramassa la charentaise . Il aurait pleuré s'il avait pu.


aquarelle/pastel/feutre: Croukougnouche

 Une fois encore, il avait effrayé une jeune femme, et pourtant..pourtant..Si une fois, une seule fois, l'une d'elles avait eu le courage de prendre dans ses mains sa grosse tête ébouriffée , de l'embrasser sur les paupières et d'avaler, l'un après l'autre ses yeux, ses tristes yeux si glauques, le sort serait enfin levé.

 petit dessin ordi:Croukougnouche

 Oui, si Pearl avait compris, là-bas dans la montagne, elle aurait retrouvé Gilles..
Midi sonna au clocher de l'église . Le soleil serait bientôt au zénith.
Il était temps pour lui de regagner l'ombre .Il réveilla son chat.
"C'est bête soupira-t-il, c'est l'heure!"


Pearl a bigrement faim , son estomac se tord tout à coup, elle a la tête qui tourne, elle cherche un banc où s'assoir à l'ombre, mais rien.
C'est que la chaleur n'a pas baissé, au contraire. C'est monté d'un cran au sortir de cette foutue pharmacie.Elle s'est sentie traversée au rayon laser par ce bigleux louche ." Merde! Est-ce que je vais avoir un peu de paix? Est-ce que je ne suis pas venue pour prendre DU FRAIS au bord d'une mer , salée ,certes, mais PAS pour me retrouver entortillée dans ses algues plein les yeux. Manger, se requinquer, allez! "
Un petit restaurant dans une rue piétonne avec une porte rouge basque toute ouverte ( Tiens! Elle croit voir des lacets suspendus aux vitres comme des guirlandes !) Elle entre.


aquarelle/pastel/feutre :Croukougnouche

Un gros homme , petit dans ses charentaises,l'accueille en tablier blanc de boucher et il hume les les petits oignons finement hachés, déjà revenus dans leur vin rouge quasi Madère .
Elle adore les oignons caramélisés.
Elle s'assoit à la toute petite table dans le coin à gauche, près de la fenêtre: Elle voit la porte rouge, personne ne viendra lui caresser le dos, cette fois , ni chat, ni oiseau rare , Basta!
Elle ouvre le menu: La page est vide, mais ornée d'un grand dessin de paysage marin et de poissons. 

dessin aquarelle:Frankie Pain

" Oh Non!..Je croyais sentir le petit coq au vin ou le jus de queue de bœuf aux carottes!??"
Glissée sous le plastique un peu sale, une carte de visite du restaurant :  
                                         A. MALIGNON
Dompteur de Gourmandises
Confectionne tous vos désirs du palais.
"Oh Noooon!!
Le patron s'avance, ventre en avant, trainant savate.
"Oui,il n'y a rien sur la carte, ne vous inquiétez pas.Vous me dites ce que vous voulez manger, je le fais . J'ai un peu de tout en ce moment.
Pearl, vous n'auriez pas envie d'un petit bœuf-carottes aux oignons mignons? Après ces crevettes sur le port, c'est tout à fait approprié, non?"
///////
  Vous vous dites certainement :
Mais alors , Pearl est-elle dans le bus , 
ou bien attablée dans ce restau pas très rassurant?
et bien , à vous de choisir!!
Pendant ce temps , 
Dans un autre lieu de vacances, pas très loin ..
voyez-un peu ce qui se trame.... 
 
/////////

"Tu as vu ça?"
Non, il n'a encore rien vu, rien lu, même pas remis ses nerfs optiques en état de fonctionner. Il veut son café, quelques tartines, du beurre demi-sel..et Elle, chérie et néanmoins pénible, lui demande si il a vu ça?
" Nan! Mais t'as vu ça??"
De deux.

Normalement, il lui suffit de grommeler un inintelligible grombleveuuncafégrombleu pour qu'elle n'insiste pas. L'affaire qui l'occupe est toutefois plus importante que d'ordinaire et elle insiste:

"Mais regaaarde, Mince!"

Une chance qu'il n'ait pas encore touché au petit déjeuner standard de "L'hôtel de la griffe du Diable" .Une chance..Le premier journal de faits divers gratuit, imprimé à grande échelle sur un mauvais papier et truffé de publicités lamentables mais rémunératrices, fait la part somptueuse aux photographies les plus explicites.
encre à la plume:Croukougnouche
Un pharmacien sauvagement assassiné en Normandie, développement en page huit. 
"Ils ont pas peur de la litote, les journalistes...Sauvagement assassiné, rien que ça..On dirait qu'il a été attaqué par une tribu de Freddy, tu sais, les griffes de la nuit! Un des films préférés de mon père..."
Noémie est plutôt jolie, malgré son syndrome du varan, une maladie cutanée fort rare qui transforme sa peau en croûte reptilienne aussi souvent que possible....aussi souvent qu'elle avale des huîtres  ,son péché mignon ,son péché malin. 


dessin aquarelle :Frankie pain
Il se sent légèrement floué, un peu comme ces gens, toutes proportions gardées, qui eurent visité le jour de la grève des pilotes, une maison à proximité d'un aéroport , et l'achetèrent aussi sec. Heureusement, elle ne se métamorphose que quand elle se gave de mollusques bivalves..Mais qu'est ce qu'elle en avale, des mollusques bivalves! Elle en bouffe au petit déjeuner, au déjeuner, toute la journée!
Ce matin, lui s'est levé fort tard, et ainsi, n'en était qu'au petit déjeuner à l'heure où les personnes civilisées ont déjà passé les entrées de midi . Mais mince! Ils étaient en vacances! Il avait le droit de passer du temps agréable au lit - Si seulement c'était avec un être humain et pas en compagnie d'un reptile- et de se lever longtemps après l'heure légale...

aquarelle/pastel:feutre: Croukougnouche

"Tiens! Écoute ça: C'est la stupéfaction, à *Biiip*,où l'un des pharmaciens les plus respectés de la région a été retrouvé mort dans son officine, le corps lacéré en de multiples endroits, comme si on avait essayé de le découper avec une serpe mal aiguisée...Il y a des photos, tu vas voir...Tu m'écoutes?

-Hon!" confirme-t-il la bouche pleine.

Alors qu'elle tourne le journal vers lui, il ne voit que la peau de sa compagne en train de s'écailler convenablement . L'air hagard de l'herboriste lacéré ne l'inspire pas tellement.

" C'est quand même dingue! en plus , c'est à *Biiip*! Tu connais bien *Biiip*, pas vrai?
-Hon!" reconfirme-t-il en mangeant toujours.
" Si ça se trouve, on en parle à la télé... Dites, vous avez la chaîne Infos-faits divers-Spéciale 1?" lance-t-elle à l'employé du restaurant de l'hôtel, lequel regardait fixement, lui aussi, le syndrome du varan faire son œuvre.
"Là!" crie-t-elle dès que l'autre a obtempéré. "Là! Regarde!
- Hon! Je connais.." commence-t-il avant de s'étrangler sur une miette de toast à l'allure pourtant inoffensive.
Sur l'écran, il voit sa petite pintadine d'autrefois, en larmes , la mine défaite à la sortie d'un restaurant d’apparence fantastique. Elle est debout, assaillie par une équipe de télévision.
"....et on dit que vous êtes sans doute la dernière personne à lui avoir parlé de son vivant, est-ce vrai?
-Drôle de question!" Risque l’employé de l'hôtel tandis que le couple bizarre bée de mutisme. La pauvre demoiselle semble perdue, bien plus perdue , à vrai dire ,qu'une personne qui vient d'apprendre la mort d'un quasi-inconnu  .

"Je ne sais pas....Que vous dire ? J'étais juste ici..J'étais seulement venue en vacances pour essayer de me remettre d'une ancienne blessure amoureuse et..
-Et saviez-vous que le dernier être que la caméra de surveillance  a filmé avant de griller est un chat , un très gros chat?
-Je ne sais pas..."

Photo:V.Balaÿ
 Ses bras continuent la phrase sans plus de mots . elle sanglote très fort devant le restaurant où elle vient d'avoir un déjeuner comme elle n'en fit jamais. De l'autre côté du poste , Noémie le lézard n'en revient pas.
" Ça alors!, mais c'est...
- Oui, c'est.." Opine le jeune-homme qui ne peut détacher son regard de l'écran.
- Tu devrais peut-être aller là-bas.." fait-elle avant de se rendre compte très vite, mais trop tard , de son erreur.
Il s'est déjà levé et se rue vers la chambre en lançant:
" Faites préparer la note!
Je m'en vais!
- Gigi! Mon loulou! attends! Fais pas l' con ! Je blaguais!" Crie Noémie en courant derrière lui. " Ou au moins, laisse -moi venir avec toi!"
Le garçon reste un moment hébété en voyant disparaitre dans le couloir une sorte de lézard femelle géant à la poursuite d'un  orang-outang en pyjama . Puis il se reprend , reporte son attention sur le reportage pas encore terminé et grommelle entre ses dents :
"Il ne doit pas être content le patron, qu'on montre un de ses établissements à la télé pour une affaire pareille..."
A l'Hôtel de la griffe du Diable, le patron ne s’appelle pas Gaston, ni Léon mais Ambroise.

10/ Croukougnouche

Pearl est complètement  submergée, effondrée par les évènements qui lui tombent dessus. La meute vorace des journalistes de "Infos-Faits divers-Spécilae1" vient à peine de lâcher prise.Après le départ de la police,ils l'avaient traquée littéralement à sa sortie du restaurant, jusque devant le grand aquarium où elle avait eu envie de flâner un peu .
Il n'y avait pas eu moyen de leur échapper .!
Elle essuie ses yeux avec le mouchoir à carreaux qui ne la quitte jamais: des larmes déclenchées par cette odieuse agression paparazzienne .

Mentalement, elle rembobine ces dernières heures comme les plans-séquences d'un mauvais film:

-Le bus pris à la hâte, tellement affolée qu'elle en a perdu l'une de ses charentaises fétiches à carreaux bleus, certes un peu défraichies, mais offertes il y a si longtemps par son père ... c'est sa jeunesse perdue qu'elle abandonne ainsi : elle se sent à nouveau presque orpheline.
Et puis le souvenir brûlant attaché à ces pantoufles:
HMB...Henri-Marc Bertier, lors du long hiver dans ce minuscule studio sous les toits parisiens ...

huile sur toile-fragment :Agnès /Croukougnouche

Avant le bain de lait chaud parfumé à la cardamome, tout fumant dans la cuvette émaillée, il lui extirpe ,avec tant de douceur, ses pieds aux ongles laqués de fuchsia , de leur étui à carreaux, ces pieds qu'elle déteste en raison de leur taille ..Il les masse tendrement pour les réchauffer dans ses mains brunes ..HMB , son mentor, celui qui lui avait mis justement le pied à l'étrier pour sa rubrique dans les pages "Chroniques insolites" du grand hebdomadaire "Les Coulisses du Réel"...
aquarelle/pastel/feutre:Croukougnouche
-Retour au présent- terrifiant!
Il lui a fallu ressortir de son sac berlingot , les sandales basques de toile carmin profond, relever la longue jupe pour lacer les lanières sinueuses autour de ses souples mollets ronds en évitant la cheville blessée, tout ça sous l’œil en coulisse de l'autre côté de l'allée:
Monsieur et Madame Pêche aux moules- bermuda fleuri et sandales plastique à trous trous- Monsieur, surtout, crâne luisant et chaîne dorée dans l'échancrure poilue de la chemisette, paupière filtrante genre squale à l'affût.
Elle a, vite fait, rabattu le tissu en dentelle "Rideau!" et mis ses lunettes de soleil pour ignorer le reste du monde.
De sa petite pochette en bandoulière, elle a tiré le tube de pommade"Grycoline" et à tâtons , s'est mise à masser son bracelet de cheville-queue de chat-fer rouge . Un soulagement progressif la réconforte . Bientôt ,elle aura quitté ces régions pleines de coquilles et de chats errants au regard fou. Elle sombre peu à peu dans un sommeil réparateur....


aquarelle/pastel feutre: Croukougnouche


-L'arrivée ,après un réveil en sursaut , à La Rochelle , heureusement le terminus, sinon elle était partie pour Gibraltar!
A la descente du bus, elle a cherché des yeux un endroit propice à rassasier sa faim galopante - déjà presque 14h!
"Au mirage gourmand" lui a semblé parfait:
Allure médiévale de la façade, vieilles pierres et petits carreaux aux fenêtres et une carte sibylline qui donne envie de pénétrer à l'intérieur...Quoique  ce cuistot bizarre , trainant savate..
Mais elle est si épuisée après cette fuite loin du phare , des huîtres, du regard enveloppant couleur de vagues, loin de cette pharmacie vieillotte : elle avait d'ailleurs failli lui envoyer une pique bien sentie , à cet apothicaire libidineux ! Il avait de la chance que son onguent soit efficace!

-La viande mijotée, fondante , accompagnée de petits oignons et carottes confites, lui a procuré un bien-être intense : besoin de retrouver des saveurs lourdes, très terriennes , avec du gras onctueux , un vrai remède après l'acide relent de l'huître perlière inhalée..

aquarelle/pastel/feutre: Croukougnouche

-  Mais soudain, la rue avait fait irruption au milieu de son déjeuner, un puissant courant d'air ouvrant la porte vitrée avec fracas!
"Mlle Pearl Remember?" rugit un type en lame de couteau suivi de près par trois ou quatre micros-perche , radio-télé et tout le bazar + les curieux du dimanche massés  à l'arrière ,genre grappe humaine.
"Oui, c'est moi!" bredouille-t-elle en se levant trop vite: son assiette dessert avec tarte aux figues et coulis noisette bascule au bord de la table, déversant son contenu le long de sa jupe en dentelle.

-L'inspecteur l'avait prise entre quatre zieux pour lui faire cracher ses faits et gestes du matin-même . Elle avait appris , horrifiée , qu'après son départ, en fin de matinée,la pharmacie de la place Neuve de *Biiip* avait été trouvée vandalisée: rayons renversés, bocaux fracassés, et surtout, patron à moustaches lacéré et sauvagement assassiné. Le pauvre homme présentait de multiples blessures - des traces de griffes- profondes et bestiales.
On s'était réellement acharné sur le corps de la victime.


dessin: Frankie Pain

"Je ne sais que dire , monsieur l'inspecteur, je suis juste entrée par hasard dans cette pharmacie pour acheter une pommade anti-allergique et cicatrisante, voyez vous-même, pour ma cheville!"
Et elle avait soulevé le tissu tout plâtré de crème noisette pour exhiber la preuve de sa bonne foi ;
L'inspecteur avait regardé d'un air glacial, la cheville fine cerclée de rouge sombre. " Jolies jambes mais pieds immenses: dommage!" avait-il songé en lui-même.
" Bon ! en tout cas , pas de départ en train pour où que ce soit!" Déclara-t-il avec un sourire doucereux.
" J'ai besoin de votre déposition en bonne et due forme. Vous passerez tantôt au commissariat,Place de Verdun . 
Bonne fin de repas , Mlle Remember!"
Sitôt cette délégation journalistico-policière disparue , Pearl s'est senti les jambes très mollassonnes : Elle s'assoit et demande avec la note un café très serré accompagné d'un cognac.
Elle s'appuie sur le dossier de sa chaise et entend son portable qui glougloute: un texto.
Elle n'en croit pas ses yeux:
" T'inquiète -j'arrive vite - J'aime plus du tout les écailles -t'expliquerai- pas de panique-
te plume le bec ma pintadine-
Gilou le garou"
Des larmes se remettent à couler, d'émotion, de soulagement.
Elle se mouche avec un bruit de trompette dans le mouchoir déjà trempé , avale d'un trait cognac et café avant d'aller se changer dans les toilettes . En passant devant le cuisinier-gérant , elle dit d'une voix assurée :
"Vous direz à votre Monsieur Ambroise que je ne pourrai être à son rendez-vous de 17h, j'en suis désolée ! mais voyez! j'ai des obligations pour l'enquête!"
Elle enfile à nouveau sa robe de baroudeuse, et , ainsi sanglée, franchit avec panache le seuil de la taverne .

Elle manque de se cogner à l'inspecteur , toujours dans les parages, visiblement!
" Ah!J'ai oublié de vous dire: On a trouvé , coincée dans la gorge du pharmacien , une perle fine .
  Étonnant, non? Qu'en pensez-vous ?
A tout à l'heure , Mlle Remember, vous trouverez , j'en suis sur, très facilement le commissariat..!Je compte sur vous!"
  
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Pour le Bête Seller
"L'homme aux yeux couleur d'huîtres"
Mercredi 24 Aout 2011

6 commentaires:

  1. Bravo! quel boulot!
    Bonne idée le résumé au début
    Kiss
    P

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  2. beau travail de mise en place, les jeux des aquarelles les tiennes fonctionnent très bien.
    CE PAUVRE HOMME AUX YEUX COULEURS
    DUR LE DESTIN D'UN PROTAGONISTE
    l'AQUARELLE du restaurant basque fonctionnent bien en retour bravo à tous pour les textes.

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  3. merci de ta visite en villégiature
    as-tu des nouvelles de seb ?
    C4EST UN BEAU Bébé
    je trouve trés intéressant l'art que tu as eu de mettre les dessins qui avaient présents lors des différentes présentation et je trouve que nous crayons ne se dysharmonisent pas
    à plus, je vais dans le train écrire le synopsis de ma suite que je fournirai samedi mais pour l'un et l'autre avancés car mercredi arrive sans qu'on le voit et théoriquement c'est seb qui reçoit belle journée et beau travail
    salut frankie

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  4. Non, pas de nouvelles de Seb:
    peut-être devrais tu lui redire précisément que c'est son tour de recevoir , car moi, je n'avais pas vraiment saisi, au milieu de toutes mes occupations domestiques!
    je suis prise de Lundi à mercredi (29 au 31) par un stage du travail de la marionnette , à la compagnie "Émilie Valantin", donc je passerai mon tour et n’écrirai pas cette fois -ci, ou alors très très court.
    Bonne soirée à toi!

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  5. il a du prendre connaissance de la parution
    et c'est un choix de ne pas lire,
    ce sont acte comme ceux de dire ;
    que chacun écrive la fin de cette saison et édite chez chaque blog
    comme çà libre
    pas de prise de tête et libre
    sans travail hors champ des mots ,
    je passe ma vie dans le silence
    et j'adore
    je te souahite une bonne préparation de ton stage tu connais le texte de la marionnette de kliest Henrich
    j'adore et les marionnettes c'est une puissance les deux sur scéne nous avons inter^t d'être en phase de l'essentiel
    je fus ravie de cette expérience très doulureuse pasr ailleurs
    mais acting is acting respect madame 25 PERSONNES SONT VENUES 0 LA VILLA ET TOI ?

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  6. belleidéee que ton nouveau blog
    bisous

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